RésiLait

Caprin

Comment sélectionner des chèvres plus résilientes ?

CONTEXTE

Les élevages de ruminants, notamment les caprins, ne seront pas épargnés par les changements induits par le réchauffement climatique à venir dans la prochaine décennie, et vont être amenés à subir de plus en plus de fluctuations environnementales. La résilience, ou capacité d’un individu à faire face aux aléas sur le moyen ou long terme, apparaît comme un caractère d’intérêt pour assurer la pérennité des productions animales dans un contexte environnemental et économique changeant. Mais la résilience est un caractère complexe, difficile à évaluer et donc à sélectionner. La mise en place d’une sélection sur ce caractère bénéficierait donc grandement du développement de biomarqueurs de la résilience, qui plus est de biomarqueurs non invasifs.

© Phototèque INAPG

Type de programme

R&D, Thèse

Durée

2020/2024

Financement apis-gene

228000 €

Coordination

Marie Ithurbide, Rachel Rupp et Nicolas Friggens (INRAE)

objectifs

Cette thèse, accolée au programme de recherche éponyme, a pour objectif d’apporter une solide preuve de concept sur des biomarqueurs non-invasifs pour phénotyper la résilience, pouvant être rapidement mis en œuvre sur le terrain.

Partenaires

Avancements scientifiques

Le programme part du postulat que la longévité fonctionnelle (LGV), c’est-à-dire l’aptitude d’un animal à éviter la réforme pour toute raison autre que la baisse des performances de production (problèmes de reproduction, de morphologie, de santé, …), pourrait être un bon indicateur de la résilience. En s’appuyant sur les lignées divergentes de chèvres sélectionnées sur la longévité fonctionnelle depuis 2017 aux élevages expérimentaux de Bourges et de Paris-Grignon financées par APIS-GENE (Active-Goat), il a été montré que la survie globale des chèvres sélectionnées pour leur longévité fonctionnelle supérieure (LGV+) est significativement meilleure que celle des chèvres sélectionnées pour une longévité basse (LGV-), soutenant l’hypothèse qu’il est possible de sélectionner pour une meilleure longévité. De plus, certains caractères de résilience diffèrent entre les lignées : le comptage cellulaire est plus bas chez les LGV+, le rapport taux butyreux/taux protéique est plus bas chez les LGV+, le poids en début de lactation est plus élevé chez les LGV+. Afin d’identifier dans le lait des biomarqueurs de la résilience, les chèvres ont été soumises à deux challenges alimentaires et infectieux. L’hypothèse est que les modifications de concentration de certains métabolites du lait induites par ces challenges sont soumises à une même régulation génétique que certaines composantes de la résilience. Les premiers résultats indiquent que les métabolites du lait pendant un challenge alimentaire permettent partiellement de prédire la lignée de la chèvre, montrant une grande variabilité de réponses métaboliques au sein de chacune des lignées. Le lien entre

les métabolites et la survie a été exploré plus en détail. Les résultats sont à ce jour prometteurs et semblent désigner certains métabolites du lait comme de bons prédicteurs de la durée de survie de la chèvre.

La suite du travail consiste à évaluer la réplicabilité de ces résultats à l’élevage expérimental de l’unité de recherche MoSAR (Paris Grignon) et étudier le déterminisme génétique de ces caractères. L’exploitation des données des challenges infectieux est également en cours. L’identification de biomarqueurs dans le lait, obtenables à grande échelle, permettrait ainsi d’ouvrir la porte à une sélection génomique tournée vers l’agroécologie.